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Elucubrations58
30 mars 2020

Petits plaisirs 2 et 3...

Et hop ! un nouvel article afin de faire le point sur vos travaux.

 Après mûre réflexion, voilà comment je vais procéder : chaque jour, j’essaierai de mettre en ligne un nouvel article qui comportera deux travaux que j’aurai corrigés (je tiendrai compte de leur ordre d’arrivée et j’essaierai de proposer un travail bien réussi et un autre un peu moins concluant). Pas davantage afin de permettre à chacun de prendre connaissance de l’ensemble sereinement (et aussi parce que je suis passablement débordé et que c’est très long de corriger une production et de tout taper !). A moins que l’auteur de la production ne le souhaite, je n’indiquerai pas son nom. J’ai bien remarqué que lorsque je lis des travaux en classe, certains n’apprécient pas trop. Or, je veux que ces productions soient l’occasion de passer un bon moment, d’apprendre, de s’améliorer et en aucun cas de se sentir mis à mal par des critiques ou gênés d’être loués. (Désolé pour Silène qui a essuyé les plâtres…)

Ensuite, chaque élève pourra retravailler son texte en prenant en compte mes commentaires. Afin de l’aider, je vais mettre en gras les mots qui comportent une faute et en italique les passages à remanier. Parfois, entre parenthèses, je pourrai faire quelques suggestions. Je prendrai la liberté d’ajouter çà et là une virgule ou de corriger quelques coquilles. Puis il me le renverra et me précisera alors s’il souhaite que j’indique son prénom. J’espère que cela vous convient… Si vous avez des suggestions, je suis à votre écoute 😊

Et avant de commencer, je tiens à vous remercier d’avoir ainsi joué le jeu ! Bonnes lectures !

  

La station essence

 

C’est presque toujours à la fin des cours, en fin de semaine qu’on se rend au supermarché. A la sortie de l’école, on a hâte que la voiture familiale soit là à nous attendre. On sait qu’à cette occasion on passe par la station essence où on se réjouit d’avance des essences plaisantes et abondantes qui pourrons caresser notre odorat et les sensations agréables qui en seront dégagées (qui s’en dégageront ? qui en naîtront ?). Alors que tous les écoliers se réjouissent d’être en week-end, on a juste une envie, c’est que la jauge du réservoir nous réserve ce besoin de le remplir. On rentre dans la voiture ; en se penchant pour saluer notre famille, on regarde discrètement s’il y a besoin d’aller à la pompe à essence. Le plaisir de savoir d’avance ce qui nous attend nous rend de très bonne humeur.

On arrive à la pompe à essence :

« Je peux venir avec toi ? »

La réponse est toujours la même et est évidente. Il est simple de rester près du pistolet qui semble susciter une corvée pour celui qui le tient et qui sent la forme du manche du pistolet, mais c’est un bonheur pour celui qui le sent et qui entend le merveilleux (propose un autre adjectif plutôt…) son que la substance produit en allant dans le réservoir. L’essence nous appelle et le jerricane nous tend les bras. On est dévoré par le bruit et l’odeur. Toutes les voitures partent mais on reste pour stimuler notre odorat. Les bidons sont pleins, plein de substances merveilleuses dont l'odeur est égale à celle des roses.

Il faut qu’on approche le jerricane jusqu’à notre nez, pour qu’une une sensation magique s’injecte en nous. Parfois même on se demande quel goût pourrait avoir cette substance. Si la substance avait le même goût que son odeur, aucun doute, on la boirait. La plaisante odeur envahie les stations essence. « Essence » : quel mot somptueux ! Cette substance ne sert pas juste à faire avancer toute sorte d’automobile, non elle sert aussi à faire avancer le bonheur et le plaisir qu’elle émet avec sa douce odeur. Certes chez certain elle peut procurer de la peur, mais soyez aimable et admettez son odeur. En ignorant cette dernière, vous faites une grave erreur. Les bidons sont vides car il faut repartir et que le seul conducteur du bonheur est l’essence.

On a envie que ça dure une éternité, mais dans un long silence on entend :

« On y va ! »

 

 

Waouh ! C’est là un très bon travail et d’une belle longueur ! Tu as eu une idée pour le moins originale et qui colle parfaitement à l’esprit du livre de Delerm et, fatalement, au sujet donné.

Dans l’ensemble, je suis assez stupéfait par les efforts déployés pour « poétiser » ton texte. Il y a une vraie recherche sur les figures de style et les sonorités. Sans compter que tu as parfaitement su tenir compte de tous les procédés utilisés par Delerm. Chapeau !

La maîtrise de la langue est de très bonne qualité. Je t’invite simplement à corriger les quelques fautes repérées et à reformuler les passages un peu maladroits. Souvent, ta volonté de « faire poétique » a pris le dessus sur la syntaxe ou sur le sens. C’est d’ailleurs là un écueil dans lequel tombent souvent les élèves.

M’enfin… tout de même… je suis assez impressionné… Un travail fait seul, comme ça, sans rien de plus que quelques conseils donnés par le professeur… Bravissimo !

 

 

 

Sous le casque

 

 La première chose que je fais en rentrant chez moi, c’est d'enfiler mon casque sur les oreilles et d'être coupé du monde (de me couper du monde), de ne plus rien entendre, aucune voie, aucun bruit de porte ou de voiture, juste entendre ma musique. C’est l’une des seules choses qui arrivent à me détendre ou à me faire oublier certain moment difficile ou même à me concentrer sur quelques choses.

Une fois que je l'ai enfilé, il n’y a que moi et ma musique, rien d’autre. Il reste que moi et la voie de Snoop Dogg et de Dr.Dre.

Tout le reste n’existe plus une fois que je l’ai mis : mes problèmes n’existent plus, ma vie n’existe plus, je suis enfermé dans ma bulle et je fais le vide dans ma tête, je ne pense à plus rien, à ma vie, à l’endroit où j'irais l'année prochaine.

Même quand je sors pour faire des paniers, je mets mon casque pour jouer en musique.

Quand je pars en voiture avec mes parents, je mets mon casque sur les oreilles, que ce soit pour aller en courses, au match de basket ou même quand on part en vacances. Je l’ai toujours avec moi pour pouvoir m’évader.
Bref une fois mon casque mis, je ne pense plus à rien, je suis seul dans ma bulle et je me détends.

 

 

Sur la compréhension du sujet, il n’y a pas de problème et je trouve même que ton idée est excellente. Je crois que nous goûtons tous ces petits rituels qui nous permettent de nous échapper. Tu as eu une excellente idée de choisir l’un d’entre eux.

Par ailleurs, globalement, de vrais efforts ont été fournis en ce qui concerne la maîtrise de l’expression. Il te faudra simplement corriger les quelques fautes identifiées et revoir les formulations maladroites. Ce sera une excellente façon d’améliorer ton orthographe grammaticale et de chercher à reformuler certaines phrases mal tournées.

Mais attention : il y a un gros souci en ce qui concerne une partie fondamentale de ce sujet, à savoir « à la manière de ». En effet, tu nous racontes bien une expérience personnelle mais à ta façon. Or, le propre de ce type de sujet, assez fréquent au Brevet et même au lycée, c’est qu’il te faut adapter ta façon d’écrire au style de l’auteur. Comment faire ? La réponse est dans un précédent article mais je te la remets ici car je sais qu’elle servira à beaucoup. Lis très attentivement tous les conseils donnés et inspire-toi aussi des deux travaux publiés par tes camarades : celui qui se trouve juste avant et celui intitulé « Choisir un livre » et que tu pourras (re)découvrir dans l’article précédent.

Ton travail, c’est un diamant brut. Reprends-le, travaille-le, cisèle-le et donne-nous envie d’enfiler un masque !

 

Pour écrire à la manière de Delerm : 

- dans un poème en prose, logiquement, il n’y a pas de rimes en fin de vers. Ben oui : y’a pas de vers ! Néanmoins, le poème en prose joue beaucoup avec les sonorités. Vous allez donc utiliser des allitérations (répétitions d’une même consonne) et des assonances (répétition d’une même voyelle).

 

Exemples :

 

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? (Racine)

(Cette phrase est aussi l’exemple même de l’harmonie imitative = reproduction par le son de ce qui est évoqué. Ici, Racine multiplie le son [s] pour reproduire de sifflement du serpent)

 

Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon cœur

D’une langueur Monotone. (Verlaine)

 

- insérez des « vers blancs ». Non ce ne sont pas de vilains petits asticots frémissants ! Il s’agit du nom donné à une phrase de douze syllabes qu’on trouve au beau milieu d’un texte en prose. Or, douze syllabes, c’est un … ? Un… ? Allez ! On réfléchit ! Un alexandrin, oui, c’est bien ça !

 

Exemples tirés de « L’odeur des pommes » (Delerm)

 « La / pluie / bat / les / ca / rreaux / , la / soi / rée / se / ra / longue. »

« Mais le parfum des pommes est plus que du passé. »

« Mais c’est à vivre là, à tenir là, debout. »

         

- usez et abusez des figures de style, notamment de la métaphore. Bien évidemment, comparaison et personnification seront les bienvenues. Ne vous privez pas de lire et relire des poèmes de Francis Ponge (Le parti pris des choses) ou de Jules Renard dans Histoires Naturelles.

 

-  souvenez-vous de votre réaction à la découverte du texte de Camille de Peretti. « Ça pue le réel ! ». Pourquoi ? Nous avions alors parlé de l’hypotypose… Si ça puait le réel, un peu à la manière de cette nausée qui nous gagne en lisant « La charogne » de Baudelaire, c’est parce que ces auteurs s’attaquent à tous nos sens. Alors, au sujet de votre plaisir minuscule, convoquez vos cinq sens : vue, ouïe, goût, odorat et toucher.

 

- révisez bien votre présent de l’indicatif. C’est à ce temps que sont conjugués les verbes dans les textes de Delerm. Un présent de l’indicatif à valeur narrative mais qui, peu à peu, prend une valeur gnomique (nom « savant » du présent à valeur de vérité générale).

 

- le pronom sujet à privilégier est « on ». Notez au passage comment Delerm, finalement, utilise certains procédés afin de donner à son expérience personnelle une dimension plus générale, exactement comme le fait de Peretti. « Je est toi ».

 

- privilégiez un registre de langue courant, mais ne vous privez pas de quelques jolis mots.

 

faites-nous rêver !

 

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