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Elucubrations58
31 mars 2020

Petits plaisirs 4 et 5

Et voici deux nouvelles productions ! Bonne lecture !

 Remarque : j’ai reçu des messages de la part de plusieurs élèves qui s’inquiètent de ne pas voir apparaître leur texte dans la section « Commentaires ». Pas de panique ! C’est tout à fait normal ! En effet, tous les commentaires sont soumis à mon approbation, notamment afin d’éviter que tout et n’importe quoi ne soit publié. Non que j’aie cette crainte en ce qui vous concerne, mais je veux pouvoir lire vos travaux, rectifier quelques coquilles, adapter la mise en page… avant qu’ils ne soient offerts à tous. Donc, tout va très bien !

 

                                                                        La moisson

 

A cette période de l’année où les jours sont longs et lumineux, tout le monde parle de vacances. Mais à la maison, avant les vacances, il y a un gros travail de récoltes. D’une part les céréales et d’autre part la paille et le foin qui seront utilisés pour l’hiver prochain. Et oui, on y pense déjà !

Chaque matin où il fait doux et sans trop de rosée (et où la rosée a retenu ses plus nombreuses larmes ?) annonce une belle et longue journée. Je (Attention : pas de « je » ! On part avec son papa…) vais avec papa pour la préparation de la bête, il faut souffler chaque partie de son corps afin d’enlever toute la poussière de la veille. Il faut mettre un peu de graisse afin que chaque articulation ne souffre pas de cette dure journée qui l’attend. Elle ronronne tranquillement tel un chat qui se repose avant d’aller chasser. Et voilà, la bête est prête, nous (on monte… : travail à la manière de 😊 ) montons à son échelle et nous nous installons dans la cabine de la moissonneuse batteuse.

C’est alors que dans un silence religieux et avec beaucoup de concentration papa (le paternel ? le maître du jeu ? l’artisan de Cérès ?) met toutes les fonctions en route et pousse un levier pour faire avancer l’engin. Le ronronnement puis le mouvement circulaire des rabatteurs me berce un peu. Quelques bips d’alerte me (à supprimer) font sursauter.

Puis, après quelque aller-retour, le moment que j’attends le plus arrive, le signal sonore retenti : la bête a le ventre plein. Il faut vider le blé récolté dans une remorque. Comme une pieuvre, un bras se déplie ; papa se place à côté de la remorque et là, par un mécanisme qui me laisse sans voix, le blé ressort de la bête pour tomber dans la remorque.

Enfin, je descends de la moissonneuse et dis à papa que je me dégourdis un peu les jambes. Il repart et moi j’en profite pour monter dans la remorque. Pour moi surgit alors le meilleur moment, le plus doux souvenir de mon enfance : marcher pieds nus dans le grain encore tiède et en même temps des milliers de chatouilles.(et savourer des milliers de chatouilles).

 

 

            Décidément, vous me surprenez tous ! Ce n’est pas que j’aie douté de vos talents mais je vous ai proposé un travail fort difficile et j’ai là encore une production de très belle qualité.

            Concernant la compréhension du sujet, dans l’ensemble, c’est très bien. Nous sommes bien dans l’évocation d’un petit plaisir récurrent. Il faut simplement corriger un point précis, à savoir le choix des pronoms. Eh oui ! C’est, je le répète encore une fois, un travail « à la manière de ». Alors, chère élève, il te faudra traquer les « je », les « nous » et les éradiquer. Parfois, cela implique une reformulation totale de la phrase et je t’ai fait quelques suggestions pour aider un peu. Libre à toi de t’en inspirer… ou pas !

            Quant à la maîtrise de l’expression, elle est de très bonne qualité. Il y a simplement quelques petites fautes à corriger et deux ou trois soucis dans la syntaxe. Tu auras tôt d’améliorer tout ça !

            Enfin, je tiens à signaler un des points forts de ce sujet : l’abondance des figures de style. Les métaphores sont très nombreuses et produisent leur effet : elles permettent une nouvelle vision de la réalité et, surtout en ce moment, nous en avons grand besoin !

 

 

                                                                                            L'odeur enivrante



     L’été approche, les vacances sont proches. Oubliés les écoliers, les salles pour étudier et le brevet, à nous la liberté. On devine le soleil et l’herbe fraîchement coupée.

     Chaque semaine, le même rituel revient. On enfile la vieille paire de baskets, on remplit la tondeuse d’essence comme on donne un biberon à un bébé. On tente mille et une fois de démarrer et lorsqu’on est prêt à abandonner, un rugissement se fait deviner.

Enfin prêt à agir, à sentir cette odeur qui fait ressentir tant de plaisir. On s’élance rapidement afin d’y parvenir. Quelques minutes suffisent pour sentir un subtil soupçon de satisfaction. On s’installe pour marquer ce moment si délicat. L’odeur enivre notre âme, apaise nos souffrances, amène nos pensées vers de la positivité. L’herbe coupée est enivrante, apaisante et satisfaisante.

On sollicite tous nos sens.

Allongé sur la terrasse, envahi par des souvenirs lointains, on se souvient.

 

 

            Décidément, le confinement vous inspire ! Car là aussi, c’est une bien belle production ! Un sujet parfaitement compris et une maîtrise de la langue quasiment irréprochable (je me suis permis d’apporter deux ou trois rectifications, rien de très significatif.)

            Des efforts ont été faits pour « poétiser » l’ensemble, aussi bien avec des jeux sur les sonorités que les figures de style : métaphores, comparaisons, accumulations sont au rendez-vous !

            J’ai juste un bémol à apporter : comme l’aurait dit Cyrano de Bergerac : « C’est un peu court jeune fille ! ». Prendre le temps de la réflexion pour ajouter quelques lignes serait une très bonne idée…

 

            Au passage, concernant cette citation tronquée de Cyrano de Bergerac… je ne me souviens pas vous avoir lu la si célèbre « Tirade du nez ». Un passage si grandiose qu’on lui a même donné un nom ! A lire impérativement !

 

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (Acte I, scène 4)


     Cyrano répond au Vicomte de Valvert qui le provoque en lui disant : « Vous…. vous avez un nez… heu… un nez… très grand. »

 

Cyrano


Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, – par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
– Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.

 

N’est-ce pas divinement envoyé ?! Et ça fait des années que j’ai envie de demander aux élèves de l’imiter en prenant, par exemple, les oreilles… Si vous avez un peu de temps libre…

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