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Elucubrations58
21 mai 2014

Les Choses, Jean-Jacques Goldman

           

Les paroles 

Si j'avais si j'avais ça
Je serais ceci je serais cela
Sans chose je n'existe pas
Les regards glissent sur moi
J'envie ce que les autres ont
Je crève de ce que je n'ai pas
Le bonheur est possession
Les supermarchés mes temples à moi

Dans mes uniformes, rien que des marques identifiées
Les choses me donnent une identité

Je prie les choses et les choses m'ont pris
Elles me posent, elles me donnent un prix
Je prie les choses, elles comblent ma vie
C'est plus 'je pense' mais 'j'ai' donc je suis

Des choses à mettre, à vendre, à soumettre
Une femme objet qui présente bien
Sans trône ou sceptre je me déteste
Roi nu, je ne vaux rien

J'ai le parfum de Jordan
Je suis un peu lui dans ses chaussures
J'achète pour être, je suis
Quelqu'un dans cette voiture
Une vie de flash en flash
Clip et club et clop et fast food
Fastoche speed ou calmant
Mais fast, tout le temps zap le vide
Et l'angoisse

Plus de bien de mal, mais est-ce que ça passe à la télé
Nobel ou scandale ? on dit 'V.I.P'

Je prie les choses et les choses m'ont pris
Elles me posent, elles me donnent un prix
Je prie les choses, elles comblent ma vie
C'est plus 'je pense' mais 'j'ai' donc je suis

Des choses à mettre, à vendre, à soumettre
Une femme objet qui présente bien
Sans trône ou sceptre je me déteste
Roi nu, je ne vaux rien

Je prie les choses et les choses m'ont pris
Elles me posent, elles me donnent un prix
Je prie les choses, elles comblent ma vie
C'est plus 'je pense' mais 'j'ai' donc je suis

Un tatouage, un piercing, un bijou
Je veux l'image, l'image et c'est tout
Le bon 'langage' les idées 'qu'il faut'
C'est tout ce que je vaux

 

Le cliphttps://www.youtube.com/watch?v=7oNV2KIhYko

 

IMPORTANT : le commentaire proposé n'a pas valeur de modèle. Il donne des pistes de réflexion et pourrait être largement amélioré. A chacun de faire ce qu'il convient...

 

 

           « Les choses » est le titre d’une chanson de Jean-Jacques Goldman, un auteur-compositeur-interprète né en 1951 à Paris. Cette œuvre appartient au domaine artistique de la musique, et plus particulièrement de la variété (genre populaire centré autour de la danse et de la chanson et dont la mélodie et les paroles sont assez simples pour une mémorisation aisée).  Cette chanson est une œuvre assez récente puisqu’elle a été composée en 2001. Elle se trouve sur l’album « Chansons pour les pieds » lequel regroupe des chansons essentiellement basées sur différents styles de danse.

            Le titre de la chanson annonce déjà la thématique développée, à savoir la société de consommation, expression qui désigne une société au sein de laquelle les consommateurs sont incités à consommer des biens et des services de manière abondante. Elle est apparue dans les années 1950-60 pour rendre compte du mode de vie occidental dans lequel les biens ont pu être produits et consommés en grande quantité. En France, elle s’est développée surtout pendant les Trente Glorieuses et elle perdure encore aujourd’hui.. Nous allons analyser la vision qu’en propose Goldman à travers les études successives de la musique, des paroles et, enfin du clip de cette chanson.

 

A - La musique 

            La structure de cette chanson montre une alternance entre des couplets et des refrains. On peut donc dire qu’il s’agit d’une forme rondo ( = alternance de couplets et d’un refrain sur un tempo rapide, gai et enjoué).

             Le style musical est celui de la Dance Music, c’est-à-dire un style de musique commercial chanté uniquement destiné à faire danser et à plaire au plus grand monde, sans rechercher obligatoirement la qualité musicale. Le style dansant de cette chanson correspond d’ailleurs au titre de l’album, « Chansons pour les pieds », dans lequel JJG explore différentes danses.

            La nuance (http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuance_(solf%C3%A8ge)) est « forte », c’est-à-dire fort, en concordance avec le style musical. Le caractère est entraînant et dansant, la longue introduction suffit à nous installer dans cette ambiance. On retrouve une mélodie simple, facile à retenir et jouée avec un instrument populaire : la flûte à bec, ainsi que des cloches, souvent utilisées dans la dance music. Goldman se veut donc proche du public, pour que le maximum d’individus écoute ce qu’il a à dire.

           Les instruments utilisés sont des instruments majoritairement électroniques (synthétiseurs, boîte à rythme) afin de donner un côté matérialiste à la chanson et de s’éloigner le plus possible du côté humain de la musique. A la fin, on trouve néanmoins un solo de guitare électrique qui pimente un peu cette chanson.

              Ce qui fait la qualité de cette chanson, c’est son texte et sa volonté de coller à un style musical particulier afin de renforcer le message délivré.

 

B  - Les paroles 

            D’emblée, le titre donne le ton : en donnant aux « choses » cette place privilégiée dans le titre, Goldman affirme leur domination, laquelle se trouve confirmée par de nombreux éléments.

            En premier lieu, de nombreux éléments montrent que le narrateur est dépendant des marques et de l’image que lui donnent les objets : « rien que des marques identifiées », « je suis un peu [Jordan] dans ses chaussures » (Jordan était alors un joueur de basket très renommé), tandis que d’autres passages montrent la dépendance du narrateur vis-à-vis de l’opinion des autres et sa volonté d’être à la mode pour mieux plaire. Ceci transparaît notamment à travers l’emploi de nombreux mots « à la mode » : « fastoche », « clop »…

            Par ailleurs, on note de très nombreux emplois de la première personne mais souvent en position de passivité. A cet égard, une phrase est particulièrement significative : « J’ai pris les choses et les choses m’ont pris » : dans un premier temps, « je » est actif, il est en position de sujet mais, ensuite, il passe en position de COD : « les choses m’ont pris ». On voit donc à quel point les choses parviennent à étendre leur emprise et à réduire l’humain au statut d’objet, à tel point que ces choses deviennent la condition pour exister : « les choses me donnent une identité », « sans chose, je n’existe pas ».

            En poursuivant l’étude de la chanson, on s’aperçoit d’ailleurs que les choses acquièrent peu à peu une dimension quasi divine : « les supermarchés, mes temples à moi », « je prie les choses ». De « j’ai pris » à « je prie », on voit bien l’emprise de ce qui est possédé sur son possesseur. D’ailleurs, Goldman en vient à reprendre le très célèbre « Cogito ergo sum » (= je pense donc je suis) de Descartes pour le transformer en « j’ai donc je suis » : les idées deviennent moins importantes que les biens de consommation. Cette idée trouve son paroxysme dans le détournement final d’un célèbre slogan d’une grande entreprise de cosmétiques, l’Oréal : « parce que je le veux bien ».

            Sur RTL, Jean-Jacques Goldman explique ainsi sa chanson : « « Les choses », c’est un portrait. Tous ces gamins qui pensent que s’ils n’ont pas un survêtement de telle marque, s’ils n’ont pas une montre de telle marque, une casquette de telle marque, ils n’existent pas. S’ils ne sont pas habillés comme ça, ils ne vont pas plaire aux filles, s’ils ne sont pas dans une grosse voiture, ils ne valent rien. Je trouve ça super triste. C’est comme s’ils étaient des porte-manteaux. Comme si on ne les jugeait que par rapport aux choses et plus par rapport à ce qu’ils valent »

 

C – Le clip

            Le clip est réalisé dans le style du Pop-Art (voir les articles qui correspondent).

            Dans ce clip, on trouve une volonté de présenter les choses de façon comique afin de ridiculiser les personnages trop attachés à leurs objets.

            La structure du clip suit celle de la chanson : on y voit Goldman en spectateur passif de différentes scènes. La première partie correspond au premier couplet : on y voit une référence à la ménagère modèle des années 50 qui se fait attaquer par des ustensiles de cuisine. Par la suite, ce sont les hommes qui sont tournés en ridicule, attaqués par leur tondeuse et leur barbecue.

            A la fin de cette mise en scène, la solution est donnée : il suffit de débrancher les objets pour nous sauver de nous-mêmes. Même Goldman débranche sa guitare…

 

           Cette œuvre traduit donc la volonté de son auteur de nous pousser à réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons. Goldman dénonce la dictature des choses, souhaitant manifestement nous faire comprendre que plus nous possédons de choses, moins nous existons parce que nous oublions qui nous sommes vraiment. Cette idée a été mise en avant dans d’autres œuvres, parmi lesquelles on peut évoquer :

- Foule sentimentale d’Alain Souchon

- Je veux, Zaz

- J’accuse, Saez

- La complainte du progrès, Boris Vian

- les œuvres d’Andy Warhol…

Pour plus de détails, voir les pages 13 à 18 de ce site : http://www.clg-pontdebois-st-cheron.ac-versailles.fr/IMG/pdf/HDA_2011_eleve_version_3.pdf

ainsi que cet autre site, tout aussi intéressant : http://www.clg-jean-garcin.ac-aix-marseille.fr/spip/IMG/pdf/HDA-2.pdf

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