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Elucubrations58
12 mai 2012

Duane Hanson Supermarket Lady

Oeuvre

supermarket lady

 

 

Présentation

        Cette œuvre, intitulée « Supermarket Lady » ou « Woman with a shopping cart » a été réalisée par Duane Hanson en 1969. Cet artiste américain, héritier du pop-art, se rattache au mouvement artistique intitulé l’hyperréalisme dont la vocation est, comme son nom l’indique, de proposer des œuvres qui soient extrêmement proches du réel, « plus vraies que vraies » et sans émotion. Point commun avec le pop art : décrire et dénoncer la société de consommation américaine, société de consommation qui est justement le thème auquel appartient cette œuvre.

        Cette expression de « société de consommation » désigne une société au sein de laquelle les consommateurs sont incités à consommer des biens et des services de manière abondante. Elle est apparue dans les années 1950-60 pour rendre compte du mode de vie occidental dans lequel les biens ont pu être produits et consommés en grande quantité. En France, elle s’est développée surtout pendant les Trente Glorieuses et elle perdure encore aujourd’hui.

        A première vue, une telle société peut paraître idéale puisqu’elle permet à chacun de satisfaire ses envies. Néanmoins, elle n’est pas sans défaut et c’est ce que nous allons démontrer en étudiant l’œuvre proposée.

 

 

Description et analyse

             L’œuvre proposée n’est pas une photo comme on pourrait le croire au premier abord, mais une sculpture. Elle a été faite en fibre de verre peinte, polyester et vêtements, caddie avec des emballages de produits. La sculpture est faite à partir d’un moulage et est donc à l’échelle humaine. Hanson réalise des moulages de corps humains avec des bandes de silicones dans lesquelles il coule la résine de polyester. Ce matériau permet des reproductions détaillées. Il peint ensuite à l’acrylique puis à l’huile ses mannequins de manière fidèle, sans négliger aucun détail : couleur de la peau, bleu des veines, taches de rousseur, rides, pilosité… Il ajoute de vrais cheveux, des yeux de verre, des vêtements de circonstance et une foule d’accessoires. Du coup, les personnages représentés ont presque l'air vivant.

         Cette sculpture représente une femme vêtue de chaussons bleus, d’une jupe bleue, d’un t-shirt rose et d’un collier jaune. Elle porte sur sa tête des bigoudis recouverts d’un foulard. Loin de sembler heureuse, elle a un regard vide et fatigué. Cette femme quelque peu ronde voire obèse pousse un caddie de supermarché rempli d’articles. Au premier regard, cette œuvre semble donc très ordinaire… mais les choses ne sont pas si simplistes.

         Grâce à cette oeuvre, Hanson a voulu illustrer les débuts de la société de consommation et la société américaine des années 1960. L’apparition du supermarché permet de faire tous ces achats au même endroit alors qu’avant fallait aller dans des "magasins"  spécialisés (boucherie, boulangerie, épicerie,…). Le caddie remplace ici le panier : c’est un nouveau panier à roulettes, plus grand. Il déborde ici de provisions en tout genre, qui symbolisent l’Amérique (Coke, Cookies,…). Autrement dit, des objets de la vie quotidienne qui n’ont qu’une valeur économique et consommatrice.

        La femme représentée porte des bigoudis, des chaussons, une attitude assez improbable en Europe et en France à cette époque. Mais aux Etats-Unis, c’est le quotidien, le personnage est ici représenté avec un certain réalisme, mais un réalisme décontracté. Les pantoufles et les bigoudis sont des signes d’un certain contexte culturel et social, en Europe, il est impensable de sortir dans une telle tenue. La tenue ainsi que les accessoires montrent aussi un niveau socio-culturel moyen.

        Et surtout, cette femme est obèse. C’est là le résultat de la consommation excessive de différents biens et ce que dénonce l’artiste. En effet, la femme est devenue, en quelque sorte, le caddie, ce que laissait déjà supposer le titre, littéralement « La femme supermarché ». Les points communs entre les deux sont nombreux. Par exemple, les deux débordent : un caddie plein à craquer, une femme serrée dans ses vêtements qui montre l’embonpoint de son corps. Mais encore, la posture de la femme, ses bigoudis, montrent une femme disgracieuse voire vulgaire dans ses gestes et sa manière de se tenir. Elle se présente excessive tout comme le contenu du caddie. L’objet et le consommateur sont finalement très proche voie fusionnel et indissociable.

        Finalement, à travers cette femme, Duane Hanson nous présente le consommateur comme un zombie ou un drogué errant dans les rayons d'un supermarché en poussant son caddie. Il porte donc un regard critique sur la société de consommation, dressant face à chacun de nous un miroir. De plus, par ce portrait excessif du consommateur et de l’objet, il finit par décrire une société de l’excès qui avilit (rendre esclave) les gens en des personnes vides de personnalité et d’identité.

 

Autres oeuvres de Duane Hanson

hanson touristes

 

 

hanson ménagère

 

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